NOUS NE SOMMES PAS TOUS SHANTIDÉVA

par | Juin 7, 2020 | Claire lumière

Discipline. Dévouement. Si vous n’avez pas ces qualités, alors, oubliez. Allongez vous et allez dormir. Réveillez vous pour manger. Réveillez vous pour boire. Réveillez vous pour aller aux toilettes.

J’ai lu une histoire de Shantidéva au temps du monastère de Nalanda en Inde. Le monastère de Nalanda était l’un des monastères les plus importants de l’histoire du bouddhisme. Il y avait environ 20 000 moines. Nombre d’entre eux étaient des pandits. Ils n’étaient pas que des pandits. Ils étaient des pandits incroyablement célèbres. Okay, les pandits sont comme des personnes avec des doctorats. Les versions des doctorants à l’époque s’appelaient des pandits. Il y avait un pandit, qui avant de devenir pandit, s’appelait Shantidéva. Il était paresseux. Ils l’ont appelé « Bu-Su-Ku ». A l’époque en Inde ils devaient utiliser le sanscrit ou peut-être le pali donc je ne suis pas sûr si « Bu-Su-Ku » est du pali ou du sanscrit, mais je crois que c’est du sanscrit. Ça veut dire « Mange-Dort-Va aux toilettes»

Lorsque tous les moines se rendaient dans le hall de prière, Shantidéva se couchait sur leurs chaussures pour dormir. Lorsque les moines sortaient, il était toujours en train de dormir alors ils devaient le pousser pour reprendre leurs sandales. Par conséquence il agaçait tout le monde. Ils le jugeaient beaucoup.

Et puis un jour le monastère décida de lui faire une blague. Ils l’ont invité à donner des enseignements. Ils pensaient qu’il allait se ridiculiser et que ce serait terrible. Pour s’assurer qu’il allait bien se ridiculiser, ils ont mis un trône très haut pour lui sans aucun escabeau pour y monter.

Bien sûr, ils ne pouvaient pas s’attendre à ce que ce gars était capable de faire. Lorsqu’il est arrivé, lorsqu’il a vu le trône, son bras s’est allongé. Il a descendu le trône, il s’est assis dessus et le trône est remonté à nouveau. Tout le monde était sous le choc. Ensuite, alors qu’il était en train de parler, il s’est mis à flotter. A la moitié de son discours, il a disparu. Pendant 4 ans environ, ils étaient à sa recherche pour qu’il puisse terminer.

Ils le cherchaient partout désespérément. Ils l’ont finalement retrouvé devant une grotte quelque part dans la forêt. Il chassait des daims. Il avait toutes sortes de peaux de daims devant sa grotte. Alors à nouveau, ils ont eu des doutes. Qui est ce type? Est-ce que c’est lui? A-t’il vraiment des pouvoirs? Ils lui ont demandé de leur donner des enseignements. Il a dit quelque chose au sujet de la vacuité. Je ne suis pas sûr de ce qu’il a dit mais il faisait comme ça, et les peaux sautaient comme des daims et s’enfuyaient. Toutes les peaux jusqu’à la dernière ont sauté et se sont enfuies. Puis, Shantidéva s’est assis. Il a terminé ses enseignements qui existent par écrit jusqu’aujourd’hui. Je ne sais pas combien de chapitres. Vous devez connaître ça, n’est-ce pas? Dix chapitres de Shantidéva. Voilà, c’est l’histoire de la façon dont ces dix chapitres sont apparus.

L’idée a traversé mon esprit parce que je parlais de paresse. D’accord. Je parle de moi. Okay. Donc si vous n’êtes pas vraiment dévoué, n’essayez pas. Il n’y aura pas de résultat. Nous ne sommes pas tous Shantidéva. Nous devons nous relier à nous-mêmes en tant qu’êtres humains qui font des efforts et qui ont  des difficultés. Je veux dire, je fais des efforts tous les jours. Je lutte tous les jours. C’est juste que vous devez essayer de ne pas abandonner. C’est le facteur principal que nous recherchons.

Je veux dire que parfois, c’est ok de procrastiner. Parfois c’est bien de faire une pause. De respirer. De se reposer. C’est bien de se réparer. Et après, retournez au travail. Ce travail n’est pas un travail pour gagner sa vie. Bien sûr c’est super important. Le système éducatif nous enseigne comment faire ce genre de travail. Mais la façon de vivre, je pense que c’est plus important. Vous ne vivez pas pour travailler. Vous travaillez pour vivre, n’est-ce pas? Donc je pense que vivre, c’est la partie la plus importante. C’est cet aspect du travail dont je parle ici. Le vrai travail serait d’entraîner notre esprit de la même façon que l’on travaille un muscle. Il faut entrainer votre esprit de la même façon que toutes les aspects que vous voulez atteindre. Quoi que vous vouliez réussir dans la vie, vous devez vous entraîner pour arriver à ce but.

Bien sûr, vous devez traverser le processus de l’échec. Je veux dire, si vous faites des erreurs, c’est une excellente chose. Si vous ne faites pas d’erreur, ça signifie que vous ne faites rien. Vous allez faire des erreurs, c’est sûr. Alors quand vous les remarquez, c’est le moment de se dire « Mmmh.. Est-ce que j’essaie vraiment? Est-ce que je prends vraiment des risques? » Faites comme ça. Vérifiez.

C’est comme ça. Si vous ne domptez pas votre esprit, c’est votre esprit qui va vous dompter. Vous allez être cette personne qui est tirée par un bouledogue fou dans la rue. Ce bouledogue va aller chasser des poulets quelque part, des bouledogues femelles et il va vous trainer partout avec lui. Et ce sera ça, l’histoire de votre vie. Être tiré de toutes parts par votre esprit, par le bouledogue, ce bouledogue qui n’est pas dressé. Ou le pitbull qui n’est pas dressé. Ou ce que vous voulez. Un dinosaure si vous voulez. Un tyrannosaure Rex si vous n’êtes pas vigilant. C’est absolument vrai.

L’égo peut devenir si grand. Ce n’est pas que l’esprit. C’est aussi l’égo. Nous nourrissons cet aspect. Nous nous trompons nous-mêmes. Nous avons ces mécanismes d’auto-défense créés par l’égo. Et puis nous ne voulons pas vérifier. Nous ne voulons pas affronter cet aspect de nous-mêmes. Nous sommes trop effrayés. Nous avons peur de notre potentiel. Je ne sais pas. Chaque personne est différente. Nous avons tous des aspects différents mais c’est ça : si vous n’affrontez pas cet aspect en vous, si vous n’êtes pas concentré dessus, si vous ne voulez pas le dévoiler, si vous avez peur de votre propre potentiel, si vous avez peur d’affronter et de vous confronter à cette peur que vous avez, alors vous allez faire des contournements. Il y a plusieurs sortes de contournements. Vous prenez refuge dans quelque chose pour éviter d’avoir à vous confronter. N’est-ce pas?

Il y a tellement de différentes manières de prendre refuge. Nous avons des exemples, n’est-ce pas? Quelles sortes de refuge prennent les gens dans la vie?

La télévision? Oui ! Merci !

La nourriture? Oh oui !

Le Whisky ? Exactement !

Quoi d’autre?

Les autres personnes. Avoir de la compagnie. Les attachements sans forme. La saisie sans forme. Les sensations que nous procurent des agents extérieurs. Ou la façon dont une personne nous fait nous sentir. Ou la façon dont on se sent lorsqu’on fait certaines choses qui nous procurent de l’adrénaline. Des choses comme ça. Ou même l’aveuglement spirituel lorsque nous prenons refuge dans le gourou. Je ne parle pas du refuge réel, traditionnel, lorsque nous prenons refuge dans le Dharma, le Bouddha et la Sangha. Je parle du refuge, de cette saisie qui dit « Oh, j’ai besoin de ça », pour éviter de se confronter à soi-même. Ce genre de contournement. Je parle de ce genre de refuge pour éviter quelque chose. Croyez-moi. Mais peu importe, vous devrez vous confronter à vous-même un jour ou l’autre. Ce sera à vous de le faire. Personne ne peut le faire pour vous. C’est quelque chose d’important dont vous devez avoir conscience.

Alors combien de fois ça arrive?

« Oh, le gourou, le gourou, le gourou. »

« Oh, les enseignements. »

« Oh, le Dharma, le Dharma »

Ou autre chose. Une autre religion. N’importe quel alcool. Une voiture. Ou l’idéalisation.

Nous sommes tellement attachés à ça. Puis 20 ans passent et nous réalisons que nous n’avons pas fait grand chose. Nous avons toujours les mêmes problèmes. Peut-être qu’ils sont devenus pires parce que nous avons laissé ces problèmes prendre racine. Nous les avons laissé prendre forme. Nous les laissons être présents. Alors plus on devient vieux, plus il est difficile de changer parce que nous sommes coincés dans nos têtes. Changer nos habitudes à ce moment là est encore plus difficile. C’est beaucoup plus difficile. Ce n’est pas impossible. C’est juste beaucoup plus difficile.

Parfois, plus c’est difficile, plus le résultat est bon. N’est-ce pas? Parfois, plus c’est difficile, plus le cadeau est grand. Tout a des bons côtés. C’est ce sur quoi vous devez vous concentrer. Il ne faut pas vous concentrer sur les côtés négatifs. Au moins, cela peut vous servir à évoluer, à apprendre, d’accord? Si vous vous concentrez sur les côtés négatifs tout le temps, alors c’est ce qui va l’emporter dans votre vie. Vous serez juste entraîné vers le fond. Si quelque chose de négatif arrive dans votre vie et que vous voyez cela comme quelque chose de négatif qui vous a blessé, ça va devenir un poids. C’est comme ça. Ça devient un sac à dos plein de plomb.

Si vous choisissez plutôt de le voir comme une leçon, alors ça va devenir une catapulte. Vous allez être un exemple vivant pour aider les autres à traverser les mêmes problèmes. C’est une façon positive de voir les choses, par exemple. C’est juste un exemple.

Ce que j’essaie de vous dire, c’est de vous assurer de vous trouver vous-même chaque jour. Assurez vous d’observer vos mécanismes. Assurez vous que vous ne vous vous mentez pas ou que vous n’essayez pas de vous mentir en prenant refuge dans quoi que ce soit. Soyez conscients lorsque vous prenez refuge dans des objets extérieurs. Ne les utilisez pas comme des moyens de contourner le vrai travail que vous devez entreprendre. Est ce que cela vous parle?

Très bien. Je ne sais pas. Je peux continuer infiniment.

Comprenez juste que c’est le véritable travail que nous devons faire en tant qu’êtres humains.

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