Oui, nous pouvons commencer à parler de ce qui est précieux pour nous. Quelle est la chose la plus précieuse que nous avons à partager? Notre temps, notre espace, notre énergie, notre attention, n’est-ce pas? Nos valeurs, toutes ces choses sont ce que nous avons de plus précieux. Il n’y a rien de plus précieux que cela.

La façon dont nous entrons en relation avec les gens, les circonstances que nous rencontrons, la façon de se relier à l’environnement, c’est aussi très important. Et la manière dont vous entrez en relation est basée sur votre perception. La manière dont vous percevez quelque chose. A partir de cela, vous réagissez d’une façon ou d’une autre : attraction, rejet ou indifférence. A travers cette réaction, nous créons une condition. En Sanscrit ou en Pali, ça s’appelle « sankara ». Je ne suis pas sûr. Sankara est du Sanscrit? Sankara signifie le conditionnement que nous créons. Nous en avons créé depuis plusieurs vies et rien que pour celle là c’est énorme. A chaque instant nous suivons cette sorte de conditionnement. Nous créons ce conditionnement, en réagissant à ce que nous percevons. Les sensations arrivent par les cinq sens. C’est la manière dont nous interagissons avec la réalité, à travers les cinq sens. Nous ne comprenons pas très bien que c’est une interprétation, mais ce que l’on voit, ce que l’on comprend n’est qu’une interprétation. Si vous y pensez, si personne n’est là pour percevoir la réalité, elle n’a pas de couleur, pas de forme, pas d’odeur, si personne ne la perçoit, elle est incolore.

Ce n’est qu’à travers nous qu’elle devient ce que nous percevons. C’est évident que chaque personne perçoit les choses de façon différente. Nous sommes dans différents endroits, dans différentes évolutions, différentes circonstances, tout. Dans tous les aspects, nous sommes différents en raison de nos histoires passés, de nos cultures, des lieux où nous sommes nés, de la façon dont nous avons grandi, des expériences qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui. Souvent, bien sûr, notre perception est aussi fondée sur la mémoire. Si nous enlevons la mémoire, nous ne pouvons même plus ouvrir la porte. Les personnes, les patients qui ont Alzheimer n’arrivent parfois plus à ouvrir la porte parce qu’ils n’ont plus de mémoire. Donc une grande partie de notre perception est fondée sur la mémoire. Notre réalité fait sens parce que nous avons de la mémoire qui nous aide à nous relier à cela, à mettre les choses en place. Toutes ces conditions participent à notre compréhension de ce que nous percevons. Le problème ici, pourtant, n’est pas que nous percevions quelque chose. C’est, Numéro 1, comment nous nous accrochons à ça. Et Numéro 2, comment nous y croyons complètement, c’est à dire que nous pensons vraiment que ce que nous percevons est exactement comme ça, que c’est ce qui existe. Mais ça n’a absolument rien à voir. Bien sûr il y a plein d’expérimentations, des illusions d’optique qui montrent que le cerveau a tendance à vous tromper d’une certaine manière, pour que ce soit plus simple pour vous de percevoir des choses.

En premier lieu, si vous y réfléchissez, tout ce que nous voyons est à l’envers dans le cerveau, n’est-ce pas? Les yeux le voient à l’envers, le cerveau le voit à l’envers. Ensuite il retourne tout pour que cela fasse en quelque sorte sens pour nous, mais tout cela se fait de façon automatique. Nous ne sommes pas conscients de ce processus. De la même manière, nous ne pouvons pas contrôler nos battements de coeur. Enfin nous pensons que nous ne pouvons pas mais il y a des méditants qui peuvent changer leur rythme cardiaque. C’est possible. Mais pour la plupart d’entre nous, nous ne sommes pas conscients de ce qui se passe dans notre corps et encore moins de ce qui se passe en dehors de lui.

Donc nous ne pouvons pas vraiment penser que ce que nous voyons est ce qui est. Mais nous y croyons si fort que même nos passions, nos dépressions, nos soucis sont tous fondés là dessus, sur ces perceptions. Si vous y réfléchissez, si vous commencez vraiment à comprendre la réalité de ce qui existe vraiment, alors toutes choses, toutes ces émotions qui nous transportent d’un espace à un autre, comme le vent qui souffle sur l’herbe, tout cela disparaitrait parce que vous seriez en mesure de voir. L’un des noms que l’on pourrait donner à cela, c’est le renoncement. Mais lorsque vous dites en tibétain Nge Jung, ça veut dire beaucoup plus que le renoncement. Ce ne serait qu’une partie. L’autre partie serait de comprendre la réalité, de voir la réalité. A travers cette compréhension, vous n’êtes plus autant attaché, vous n’êtes plus aussi accroché, vous n’avez plus autant de saisie.. tout ce qui crée de la souffrance en fait.

Pas seulement de la saisie pour des choses matérielles, mais de la saisie sans forme aussi. C’est très important d’être conscient de celle là. Il y a plusieurs aspects pour cela, la saisie des sensations, d’un état d’esprit, pour l’adrénaline, pour le fait d’être avec quelqu’un, comment on appelle cela? Les endorphines. Lorsque vous êtes amoureux, ou l’ ocytocine, la dopamine et toutes ces choses.

Ça c’est de la saisie. C’est de la saisie sans forme. Nous devons être conscients de tous ces aspects. C’est de l’ attachement, lorsque cette saisie est basée sur la peur de perdre, ou de vouloir plus. De ne pas vivre le moment présent, d’être insatisfait. La seule raison pour laquelle nous sommes insatisfaits est que nous ne vivons pas le moment présent. Si vous viviez le moment présent, vous seriez très heureux de ce que vous avez. Parce que nous sommes reconnaissants pour ce que nous avons et c’est très important. La gratitude est une clé très importante dans le grand concept d’une vie heureuse. Si vous voulez une vie heureuse, commencez avec la gratitude. Le Dharma nous aide beaucoup, l’un des aspects les plus importants du Dharma, c’est  la pratique du Dharma. Pas juste le Dharma en lui -même, parce que le Dharma en lui-même c’est un peu comme une ampoule de lumière sans électricité. Nous sommes l’électricité. Nous sommes celles et ceux qui lui donnent son but.

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